22 Août 2020, Sibérie, Fédération de Russie.
Sgt Zhukov, GRU

L'avion de transport russe s'éleva lentement dans les airs et s'éloigna de la base décrivant une courbe, dans un bruit assourdissant qui agressa les oreilles de Vladimir. Dans la soute, la température ne tarda pas à dégringoler. Ils fallaient qu'ils soient déposés en un temps record. Le point d'atterissage qu'ils avaient choisi était un espace dégagé entouré de forêt, à dix kilomètres du point de ralliement. Cette opération d'entraînement s'organisait de cette façon, trois équipes de trois hommes, survolaient l'espace aérien de la Sibérie, ils devaient être larguer en parachute sur une zone unique à chaque équipe pour ensuite survivre en forêt et se diriger vers le point de ralliement où des hélicos s'occuperaient de leur extraction. La première équipe a rejoindre le point d'extraction recevrait une récompense d'après l'officier.

Le sergent Zhukov se tenait, dos contre l'acier froid de l'avion, prêt à se faire parachuter à n'importe quel moment. Celui-ci demeurait calme et silencieux laissant ses deux coéquipiers discuter. Le sergent calcula le nombre de pas qu'ils devraient accomplir pendant tel minutes pour ainsi permettre à l'équipe A dont il faisait partie de remporter le petit bonus...

Vladimir aimait les extras, en général, son ambition ne le trompait jamais, il savait que si il suivrait celle-ci, il n'en sera que plus heureux par la suite...Le Russe se leva, se raclant la gorge et annonçant:

-Camarades ! Cette opération est simple, nous devons être parachuter en pleine nature sans le moindre contacte extérieur, notre but ? rejoindre le point de ralliement et repartir aussi vite...mais moi, comme vous le savez, je suis compatissant mais aussi très exigeant, alors, je suis bien partit pour vouloir dépasser les deux autres équipes ? Bien compris ?

-Da, sergent, 5 sur 5. répondirent en coeur les deux autres Spetsnaz.

-Vérifiez vos équipements...on saute dans peu de temps...

Vladimir en profita pour corriger le calibrage du parachute de l'un de ses coéquipiers, le plus jeune, il avait rejoins le GRU très récemment, il avait plus le profil d'un fermier que d'un soldat, mais son regard fusillait la moindre personne osant le lui dire en fasse. L'entraînement des Spetsnaz changeait un homme...à jamais.

Lorsque le signal passa au vert, la rampe de lancement s'ouvrit laissant sortir les trois parachutistes...

Vladimir sentit l'attraction terrestre le tirer vers le sol, il sentait ce phénomène appelé "la gravité", ses deux camarades semblaient plutôt bien s'en sortir imitant les gestes du sergent pour assurer une chute rapide et contrôlée à la casi perfection. Le vent glacial soufflait entre ses doigts, Vladimir se sentait comme flotter, malgré la pesanteur. Libre comme l'air, il admirait la beauté du soleil mêlée à celle des nuages blancs...étant encore trop haut pour voir la terre ferme, cette vision paradisiaque était d'une beauté sans égale.


Lorsqu'il vit la région boisée plus bas, il tira d'un coup sec sur la sangle permettant d'enclencher l'ouverture du parachute, gardant un contacte radio avec les membres de son escouade. Il se laissa lentement porter par le parachute essayant d'atterrir avec le plus précision possible sur la zone prévue pour.

Le contacte avec le sol, soulagea Vladimir, ils avaient réussis le saut avec perfection. Maintenant, il ne restait plus qu'à traverser la forêt et se rendre au point de ralliement...

Empruntant des routes non-goudronnées pour aller plus vite, ils s'enfoncèrent de plus en plus dans la forêt remarquant l'obscurité que provoquait les arbres sibériens. Trachenko, l'un des coéquipiers, poussa un long soupire et annonça:

-Sergent, que pensez-vous du bordel actuel ?

-De quoi parlez-vous, caporal Trachenko ? rétorqua Vladimir.

-Bah, la fédération Européenne, les Etats-Unis et notre mère patrie, je sais pas...on a plus vu ce genre de situation depuis la guerre froide...

-C'est bien pire que la guerre froide...je pense que c'est une situation très complexe qui débouchera d'une manière ou d'une autre en faveur de notre mère patrie, les capitalistes ont remportés la guerre froide, mais il n'emportera pas cette fois...croyez-moi, nous avons survécu à l'invasion fasciste durant la Seconde Guerre Mondiale, nous survivrons a toute tentative d'agression de leur part, comme l'a dit Marx "Ceux qui ne connaissent pas l'histoire sont condamnées à la revivre" nous avons échoués et nous n'échouerons plus, je ne me le permettrais pas...voilà ce que je pense.

-Je comprend votre vision des choses, mais remarquez que c'est tout de même étrange...toutes ces étranges coincidences qui au final touchent principalement les deux autres grandes puissances...

-Je vous l'accorde, mais ça ne relève pas de nos fonctions, c'est à l'état-major de s'occuper des affaires intérieurs, moi je me contente d'obéir aux ordres et de servir la mère patrie...peu importe ce qui l'en coûte.

-Peu importe ? Pensez à votre famille !

-Je n'ai plus de famille, caporal, trêve de bavardage, on doit avancer si on veux arriver les premiers à l'objectif.  termina d'un ton sec et autoritaire le sergent.

Gravissant une pente, les russes atteignirent un haut-plateau boisé où ils purent avoir une vue en surplomb sur la forêt. Elle touchait à sa fin, au loin on pouvait voir les monts enneigées de Sibérie, mais aussi, le petit campement destiné à faire leur extraction. Ils se rapprochaient...

Deux heures plus tard, Point de ralliement.

Fière d'arriver en premier, Zhukov salua les officiers présents qui l'accueilèrent chaleureusement, lui et sa petite escouade, le commandant Zaratov fit une tape d'épaule au sergent:

-Alors, camarade, content d'avoir survécu à cette petit opération d'immersion au sein de la forêt sibérienne ?

-Heureux d'avoir en plus remporter le petit bonus, d'ailleurs en parlant de...

-Ah, on peut dire que vous ne perdez pas de temps, vous ! plaisanta Zaratov, décrivant de grand geste en éclatant de rire. Je vais vous expliquez dans l'hélicoptère, dites à vos hommes de venir.

-D'accord, camarade.

Vladimir sentit à ce moment là,  que le bonus n'était peut être pas forcément une récompense mais surtout...une nouvelle opération top secrète demandant les meilleurs éléments du GRU. Même si il était flatté et très honoré de participer à ce genre de missions, il savait que les responsabilités seraient beaucoup plus lourdes...

Vladimir s'approcha de l'hélicopètre et passa les mains sur le fuselage, avec autant d'amour que s'il avait caressé un pur-sang de valeur. L'escouade et le commandant avaient prit place dans la vaste cave métallique qu'était la soute de l'engins, Trachenko et Barounov, le plus jeune, se mobilisèrent autour du commandant, Vladimir fit de même remarquant que des camions allaient et venaient sur le petit campement, des soldats, déterminés et concentrés, chargaient du matériel à un rythme régulier. Vladimir reporta son attention sur l'officier qui précisa un peu la nature de ce "bonus":

-Messieurs, camarades, vous prouvez que vous avez la détermination et le physique nécessaire pour participer à une opération top secrète, Vladimir esquissa un large sourire ironique, vous devrez escorter un général, vous aurez plus de détails sur son identité sur le terrain jusqu'à l'une de nos positions à Pypriat en Ukraine...

Barounov s'exclama alors:

-On va à Tchernobyl !?

-Evitez de faire en sorte que toute l'armée russe ou plus encore le sache, vous voulez bien ? Alors parlez moins fort, soldat !  répondit sèchement Zaratov d'un ton amère.

Vladimir lança un regard noir au plus jeune. Il regrettait un peu son ancienne équipe, l'état-major avait préféré séparer chacun des membres ayant participé à l'assassinat du général Garchov en Ukraine,lors du siège de la ville par les Russes, pour des raisons psychologiques...Vladimir se doutait qu'il y avait autre chose derrière cette affaire mais préférait ne pas en savoir trop.

-Que devons-nous faire pour le moment, commandant ?

-Rendez-vous à Moscou, nous vous contacterons dés que nous aurons des nouvelles à propos de cette opération...la discrétion est de rigueur pour chacun d'entre vous ? Compris soldat Barounov ?

-Da, commandant, je serais aussi muet qu'une tombe...

Zaratov rétorqua d'un ton à demi-amusé:

-Tâchez de ne pas y finir, camarade...

L'hélicoptère disparu dans l'espace aérien de Sibérie, Vladimir s'installa sur l'une des banquettes et ferma ses paupières profitant de l'un de ses rares moments de répit.